Quelques éléments sur l'euro

Ci-dessous quelques éléments qui peuvent aider à mieux comprendre la situation actuelle de la zone euro.

Divergence : Le premier élément est ce graphique paru dans une étude de l’Institut Jacques Delors et de la fondation Bertelsmann, deux institutions pro-européennes.

En se basant sur l’évolution comparée des PIB par habitant (en parité de pouvoir d’achat) des pays de la zone euro, il montre que, alors que les économies de la zone euro avaient tendance à converger avant l’introduction de l’euro, elles divergent depuis son instauration.

Quelques éléments sur l'euro

1000 milliards : Le second est ce graphique, publié par Eurostat, qui montre l’évolution des balances de transactions courantes dans plusieurs pays de la zone euro (la différence entre l’argent qui sort et qui entre dans un pays du fait du commerce et des transferts de revenus). On constate que d’importants déséquilibres sont apparus depuis l’introduction de l’euro, principalement au bénéfice de l’Allemagne.

L’Allemagne semble avoir beaucoup gagné avec la mise en place de l’euro. Si elle avait conservé sa propre monnaie, elle n’aurait jamais pu entretenir d’excédents aussi importants, car sa monnaie se serait appréciée, ce qui aurait rendu ses entreprises beaucoup moins compétitives. En calculant à la louche, on constate que c’est plus de 1000 milliards d’euros qui sont entrés en Allemagne depuis l’introduction de l’euro, lui permettant de connaitre notamment un taux de chômage très faible.

Quelques éléments sur l'euro

Drames européens : On a tous déjà entendu parler des chiffres du chômage chez les jeunes en Espagne, en Italie (+ de 40%) et en Grèce (+ de 60%), ou du nombre de personnes, souvent de jeunes diplômés, ayant quitté le Portugal faute d’emplois depuis la crise de 2008 (400 000 personnes soit 4% de la population du pays, ce qui, ramené à l’échelle de la France, signifierait une émigration de plus de 2,5 millions de français !). J’ai eu récemment la chance d’écouter un discours de l’ancienne présidente du parlement grec sous le premier gouvernement Tzipras, Zoé Konstantopoúlou, qui y évoqua un autre de ces drames européens.

Comme de nombreux habitants n’ont plus les moyens de se chauffer en Grèce (à la fois parce que leurs revenus ont baissé et que le prix du fuel a fortement augmenté du fait de l’instauration de taxes destinées à renflouer les caisses du gouvernement), ils sont contraints de recourir au système D, en bricolant des poêles à bois peu sécurisés, etc.. Une des conséquences en est que le nombre d’incendies domestiques a fortement augmenté, comme le nombre de familles décimées par ces « accidents ». Parfois ce sont des enfants de 5 et 7 ans qui meurent dans les flammes de leur appartement avec leurs parents, d’autres fois une adolescente qui vivait avec sa mère..

1 milliard : Enfin, dernier élément, les créanciers ont refusé en décembre que le gouvernement grec lance un plan d’urgence visant à assurer une couverture santé minimale à ses citoyens qui n’ont plus de sécurité sociale et à faire payer moins cher l’électricité aux ménages les plus pauvres, pour leur permettre par exemple de se chauffer. Ce plan aurait coûté 1 milliard d’euros, sachant que cette année les excédents budgétaires du gouvernement grec ont été supérieurs à ceux attendus. Ce milliard ne représente que quelques miettes de ce que l’Allemagne a gagné grâce à l’euro. Pourtant, le gouvernement allemand semble se refuser à toute inflexion vis-à-vis de la Grèce.

Conclusion : Les pays de la zone euro n’arrivent même pas à s’entendre pour que chaque citoyen y possède une couverture santé minimale, et ceux qui ont le plus bénéficié de la création de l’euro refusent que l'équivalent de quelques miettes de leurs gains soient dépensées pour soulager la souffrance de ceux qui ont le plus perdu à sa mise en place.

Alors, si d’ici quelques années la zone euro éclate, ce qui en l’état actuel des choses serait un grand soulagement pour les économies des pays du sud de l’Europe (qui pourraient enfin dévaluer leur monnaie), il ne faudra pas se tromper de coupable : ce ne seront pas les gouvernements qui auront décidé d’abandonner l’euro, mais ceux qui par leur immobilisme et leur profonde bêtise, tout particulièrement en France et en Allemagne, auront rendu cette intégration monétaire invivable et toujours plus inégalitaire.

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